Avant de penser à la forme juridique, testez votre projet.

LE 28.02.14

Dans quelle mesure, l’entrepreneuriat peut-il être une alternative au salariat ?

C’est le projet professionnel, la vision de la reprise d’activité qui change. La personne qui souhaite entreprendre et qui était auparavant salariée ne rentre plus dans un schéma de liens de subordination. Elle n’a plus de hiérarchie, d’objectifs imposés. Cette fois, elle devient son propre patron. Elle mène elle-même sa barque, ce qui change forcément la relation à soi-même et aux autres, souvent elle devient plus exigeante. Petit à petit, elle acquiert cette posture naturellement. Un chef d’entreprise doit gérer la production, décider des outils commerciaux à mettre en place, répondre aux attentes des clients. Mais il ne part pas de rien. Il s’appuie sur les compétences qu’il a développées au fil de son parcours professionnel. L’entrepreneuriat ne fait qu’aiguiser et développer son savoir-faire salarié et de le traduire en une activité entrepreneuriale.

Le chômage vient d’atteindre un plafond record de 3,3 millions de demandeurs d’emploi. Pensez-vous que l’auto-entrepreneuriat puisse lutter efficacement contre ce fléau en 2014 et dans les années à venir ?

Dans un sens, c’est déjà le cas. 30% de nos demandeurs d’emploi ont créé leur entreprise. Ils s’inscrivent dans une dynamique qui les stimule. Certains vont se rendre compte qu’ils ne sont pas faits pour ça et ce n’est pas grave. Si leur projet n’aboutit pas, ils se seront créé un réseau professionnel. Face aux recruteurs, ils auront cet avantage de leur montrer qu’ils ne sont pas restés sans activité, qu’ils se sont démenés pendant cette période, qu’ils ont acquis des compétences qui seront utiles pour leurs futurs employeurs. Face à la crise, devenir son propre patron est, je ne dis pas la solution, mais une alternative pour créer son propre emploi.

Pôle emploi a mis en place des dispositifs efficaces pour accompagner les nouveaux chefs d’entreprise (ACCRE, ARCE, NARCE). Cela vous arrive-t-il de parler et de proposer l’auto-entrepreneuriat aux personnes qui viennent vous voir et ne trouvent pas de secteurs qui les intéressent ?

Oui, bien sûr ! L’auto-entrepreneuriat est un moyen de démarrer, de tester une activité avec une prise de risque maîtrisée. Mais il faut tout de même faire attention. Il est nécessaire de réfléchir en amont à l’activité qu’on souhaite développer avant de penser à sa forme juridique. C’est une chose de vouloir optimiser le coût des charges sociales et fiscales. Mais ce ne sont pas les critères qui doivent motiver les demandeurs d’emploi pour créer leur entreprise. Beaucoup d’auto-entrepreneurs n’ont pas mûri leur projet avant de se lancer, alors que ce point est primordial ! Il faut voir si le marché n’est pas saturé. Le but premier est de développer une activité et de la rendre pérenne, et non de voir cela seulement comme un complément de revenus. En résumé, pour un futur auto-entrepreneur, il est nécessaire de “professionnaliser” sa démarche, de mettre le doigt sur “les petits plus” qui vont le différencier des autres. Le facteur temps est également à prendre en considération. Par exemple, il ne faut pas oublier que 50 % des entrepreneurs facturent leurs premiers clients trois à six mois après le lancement de leur entreprise.

Comment les accompagnez-vous dans cette démarche ?

Tout d’abord, afin de sécuriser le parcours du créateur, nous avons mis en place des ateliers comme Créer son entreprise, pourquoi pas ? qui va permettre de confirmer ou d’infirmer l’engagement du créateur dans un projet de création d’entreprise. D’autres ateliers permettront de formaliser par écrit le projet, en prenant en compte les éléments juridiques, financiers et commerciaux. Pour pousser la démarche plus loin, nous orientons les candidats vers des prestataires qui pourront les accompagner entre un et trois mois.

Si les demandeurs touchent des allocations, elles peuvent être versées sous la forme d’une capitalisation à hauteur de 45 % des droits qui leur restent. Par exemple, si quelqu’un bénéficie encore de 20 000 euros d’allocation, il touchera au démarrage de l’activité 45 % de celle-ci, soit 9 000 euros, 50 % après création et 50% lors du second versement six mois plus-tard. Mais pour cela, il lui faut demander l’ACCRE qui permet de bénéficier d’une exonération partielle de charges. Celle-ci étant à demander auprès de l’URSAFF (1). L’autre possibilité, à voir avec son conseiller, consiste, sous certaines conditions, à cumuler le versement des droits avec le revenu issu d’une activité. Pour le reste, nous travaillons avec un réseau de partenaires, les chambres de commerces et de l’industrie, les mairies ou encore des associations, par exemple, qui aideront le demandeur d’emploi à concrétiser son projet.

Le dispositif NACRE (Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise) se déroule en trois étapes dont les deux premières sont parfois inutiles pour certains créateurs. Envisagez-vous en 2014 de permettre à certains d’entre eux d’utiliser ce dispositif directement à partir de la troisième étape ?

Cette troisième étape du dispositif NACRE (2) se focalise sur l’accompagnement post-création. Elle intervient quand le créateur d’entreprise souhaite changer le régime juridique de son activité. Cela peut tout à fait concerner les auto-entrepreneurs. La prise en charge dépend de la région ou du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi. Quoi qu’il en soit, pour tout désir de création, s’isoler n’est pas bénéfique. Le mieux, réellement, c’est d’être accompagné !

Propos recueillis par Marina Al Rubaee

(1) Pour en savoir plus sur le dispositif NACRE

Pour en savoir plus sur les aides et accompagnements

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