Le projet de rachat de Bimpli, filiale de la BPCE, a contraint la licorne française Swile à se montrer transparente sur sa situation financière. Les comptes publiés sont dans le rouge, et ce malgré une réelle augmentation du chiffre d'affaires. L'atteinte de la rentabilité s'éloigne encore plus avec l'augmentation du montant des pertes à 41 millions d'euros entre 2020 et 2021.
Une publication des comptes contraintes par le projet de rachat
Créée en 2018, initialement sous l'appellation Lunchr, la licorne Swile propose une carte à puce MasterCard qui dématérialise les tickets-restaurant, utilisable partout pour des paiements en ligne ou en point de vente physique. Récemment, la jeune pousse montpelliéraine valorisée à plus d'un milliard d'euros depuis octobre 2021, a fait part de son intention d'acquérir 22 % du capital de Bimpli. La concrétisation de cette opération, qui doit lui permettre de devenir actionnaire majoritaire de la filiale du groupe BPCE, a requis la publication de ses comptes.
Loïc Soubeyrand, son fondateur, insiste sur cette obligation de transparence pour toutes les entreprises à l'avenir, rappelant « le caractère primordial de ce critère pour les investisseurs ». Il évoque également la nécessité pour les startups de déployer davantage d'efforts pour doper leurs revenus et leur rentabilité, celle-ci représentant un problème commun pour les acteurs de la tech.
De nombreux professionnels de la filière choisissent de commencer leur aventure entrepreneuriale par une forme juridique simple, qui leur évite d'engager immédiatement des investissements lourds.
La création d'une micro entreprise ne requiert aucune formalité administrative complexe et les règles de gestion et comptables sont allégées par rapport à celles applicables aux sociétés.
De plus, les régimes fiscal et social prévoient des dispositions avantageuses.
Enfin, la séparation des patrimoines personnel et professionnel, introduite par l'instauration du régime unique de l'entreprise individuelle, renforce l'aspect sécuritaire du statut d'autoentrepreneur.
Tous ces atouts expliquent son succès auprès des Français qui se mettent à leur compte sans nécessairement monter une société.
Un creusement des pertes dû principalement aux charges de personnel
Et Swile ne semble pas près d'atteindre ce fameux seuil de rentabilité avec des pertes qui s'élèvent à 40?998 millions d'euros pour 2021. C'est deux fois plus que les 20,7 millions de résultat net négatif comptabilisés au cours de l'exercice précédent. De son côté, le chiffre d'affaires est passé de 4,6 millions d'euros en 2020 à un tout petit peu plus de 11 millions d'euros l'année dernière.
Une analyse plus poussée des comptes montre que la situation est due à la forte hausse des charges liées au personnel, dont le montant a grimpé à 29 millions d'euros en 2021, soit 14 millions d'euros de plus sur un an.
L'entreprise continue néanmoins d'afficher sa confiance, et annonce des revenus récurrents annuels (ARR) de 20 millions d'euros. Elle précise que « cette information n'apparait pas dans les documents comptables ne remis au tribunal de commerce de Montpellier ». Loïc Soubeyrand promet que « les comptes basculeront dans le vert d'ici 2024 ». Le Brésil représente un des moteurs de sa future croissance, et à terme, devrait même s'imposer comme son plus gros marché.