L'auto-entreprise : un bouleversement ancré dans le paysageAlors qu'une modification du statut auto-entrepreneur se dessine du côté du gouvernement, les signaux se multiplient pour alerter Sylvia Pinel de la place privilégiée qu'occupe ce statut auprès des créateurs d'entreprises. Après le Sénat et le rapport de l'IGAS et de l'IGF, c'est la CCI de Paris qui publie une étude via le CROCIS, le Centre Régional d'Observation du Commerce, de l'Industrie et des Services, soulignant la place particulière des auto-entrepreneurs.En effet, depuis 2009, ce régime connaît un succès qui ne se dément pas puisque depuis sa création, il représente plus de la moitié des nouvelles entreprises qui se créent.
Un régime populaire, certes, mais rencontrant un succès économique à nuancer puisque seule la moitié des auto-entreprises réalise un chiffre d'affaires. Et au terme des 3 années d'existence du statut, 90% d'entre elles génèrent des revenus inférieurs au SMIC. L'impact économique du statut reste donc faible.
Une réforme du statut à entamer avec prudence
Face aux critiques, surtout exprimées par les artisans, et aux résultats économiques mitigés, il n'en demeure pas moins que le succès du statut devrait encourager les gouvernants à la plus grande prudence concernant une réforme : en effet les performances économiques des auto-entrepreneurs sont également à mettre en rapport avec la jeunesse du statut et à son essence. Les entreprises observées sont jeunes, et par nature, beaucoup ne sont que des activités complémentaires comme en témoigne le dernier rapport de l'ACOSS du 22 juin 2013.
En revanche, l'élan entrepreneurial provoqué par le statut garde une grande valeur. Tout d'abord de par le dynamisme qu'il insuffle, en encourageant le plus grand nombre à se lancer dans l'aventure de l'auto-entreprise, et dont les conséquences ne se reflètent pas nécessairement dans les voyants de performance économique. C'est pourtant une des révélations majeures apportées par ce statut.
Mais surtout, une modification trop importante du statut pourrait également bouleverser l'existence des auto-entreprises existantes et fonctionnelles, générant du revenu, mais trop fragiles pour le régime de l'entreprise classique.On ne peut donc que souhaiter que Sylvia Pinel entende les voix qui appellent à la prudence concernant une réforme du statut, et "qu'elle préserve la substantifique moelle d'un régime qui a révélé un fort enthousiasme entrepreneurial en France".